Vous avez dit conjecture?

La Segond 21 est arrivée et plusieurs ont déjà pu tenir sa version € 2.50 / CHF 2.90 entre les mains. Face à un nouveau texte, on aime se prêter au jeu des comparaisons. Et certaines d’entre elles peuvent être déboussolantes. Prenons le cas de Job 26.9×Job 26.9 9 Il recouvre son trône en déployant sa nuée sur lui.
. La Segond 21 traduit:
Il recouvre son trône en déployant sa nuée sur lui.
D’autres versions parlent de pleine lune au lieu de trône. Ainsi, la Bible en français courant porte:
Il voile le visage de la pleine lune en tirant devant elle un rideau de nuages.

Y aurait-il une erreur de traduction de la part de l’une ou l’autre des versions? S’agit-il d’une question d’interprétation?

En fait, il faut savoir que pendant longtemps le texte hébreu de l’Ancien Testament a été transmis sans voyelles, l’hébreu n’écrivant que les consonnes. A partir du 6e siècle apr. J.-C., les rabbins chargés de la transmission du texte (les massorètes) l’ont muni de voyelles afin d’éviter les erreurs de lecture. Pour donner un exemple compréhensible aux francophones: si vous voyiez les consonnes fclt écrites, vous étiez désormais certain, grâce à leur travail, que vous deviez lire facilité et non faculté. Appelé «texte massorétique», ce texte est celui sur lequel se basent les diverses traductions de la Bible pour l’Ancien Testament. Cependant, lorsqu’il paraît quelque peu complexe, il arrive aux éditeurs modernes de proposer des conjectures, c’est-à-dire des reconstructions du texte qui ne s’appuient ni sur des manuscrits hébreux ni sur les versions anciennes (grecque, latine ou syriaque notamment), mais qui facilitent la lecture.

C’est le cas avec notre verset. «Son trône» est le texte que portent le texte massorétique et la Septante. Il se dit en hébreu kiséh; une légère modification du texte hébreu (même consonnes mais autres voyelles, kèsèh) permet de lire «la pleine lune». C’est une conjecture qu’adoptent certaines versions françaises, mais pas la Segond 21, d’où la différence de traduction.

De fait, l’équipe de la Segond 21 a eu pour principe d’éviter les conjectures et de s’appuyer le plus possible sur le texte massorétique, dans un souci de fidélité au texte original. Consciente que, dans une société pleine de méfiance quant à la Bible et à sa fiabilité, il est important de fournir des réponses honnêtes aux questions qui pourraient se poser par rapport aux textes originaux, la Société Biblique de Genève a aussi décidé de proposer la Segond 21 avec notes de référence, où des renseignements de ce genre seront fournis. Notre prière est que cela permette aux croyants comme aux non-croyants de creuser et mieux comprendre la Parole de Dieu, pour mieux en vivre.

Viviane André