Pourquoi traduire la Bible au 21ème siècle?

Cinq bonnes raisons

1. Le sens des mots évolue en français

Par exemple dans la lettre de saint Paul aux Romains au chapitre 1 et au verset 28

Avant on traduisait :
«Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, pour commettre des choses indignes.»

Mais en 50 ans «sens réprouvé» a pris une connotation d’excès sensuel absente du grec des originaux.

Aujourd’hui il est plus juste de traduire :
«Comme ils n’ont pas jugé bon de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur intelligence déréglée, de sorte qu’ils commettent des actes indignes.»

2. Notre compréhension du contexte biblique progresse

Par exemple dans la 1ère lettre de saint Pierre au chapitre 1 et au verset 13

Avant on traduisait :
«C’est pourquoi, ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière espérance dans la grâce…»

On ne peut comprendre l’expression «ceignez les reins de votre entendement» qu’en connaissant la vie des gens à l’époque de Christ. On préférera donc une traduction plus claire accompagnée d’une note qui rappelle la formulation originale.

Aujourd’hui, on traduira :
«C’est pourquoi, tenez votre intelligence en éveil
(a), soyez sobres et mettez toute votre espérance dans la grâce… »
(a) littéralement ayant ceint les reins de votre intelligence. On relevait les pans de son habit en les rassemblant avec une ceinture, lorsqu’on voulait travailler ou se déplacer.

3. Le choix concernant les poids et mesures

On préfère utiliser des unités de mesures comprises par tous
Par exemple dans le 2ème livre des Chroniques au chapitre 3 et au verset 8

Avant on traduisait :
«[Salomon] fit la maison du lieu très saint; elle avait vingt coudées de longueur […], et vingt coudées de largeur. Il la couvrit d’or pur, pour une valeur de six cents talents.»

Aujourd’hui, on traduira :
«[Salomon] fit la salle du lieu très saint; elle avait 10 mètres de long […] et 10 de large. Il utilisa 18 tonnes d’or pur pour la couvrir.»

4. Notre compréhension des originaux hébreux de l’Ancien Testament progresse

Les manuscrits de la mer Morte, découverts à Qumran après la 2de Guerre mondiale et décryptés depuis, datent d’avant Jésus-Christ. Ils ont permis de préciser certains choix de traduction entre les différents manuscrits jusque-là disponibles.

Exemple dans le livre d’Esaïe au chapitre 53 et au verset 11 (où les chrétiens voient une prophétie au sujet de Jésus-Christ)
Avant on traduisait :
«Après les tourments de son âme, Il rassasiera ses regards…»

Aujourd’hui, les manuscrits de la mer Morte valident la traduction suivante :
«Après tant de trouble, il verra la lumière et sera satisfait…»

5. Notre compréhension des originaux grecs du Nouveau Testament progresse également

Il fallait comprendre avec «quel grec» le Nouveau Testament avait été écrit.
Est-ce un langage propre utilisé seulement par des Juifs chrétiens ou plutôt, comme on le comprend aujourd’hui, le grec parlé du Moyen-Orient avec des influences de l’araméen ?

On compare le grec du NT avec les écrits grecs contemporains de certains papyri pour comprendre le sens de certaines expressions.

  1. Exemple de l’Evangile de saint Jean au chapitre 19 et au verset 30, Jésus crucifié s’écrie : «Tout est accompli»
    On a trouvé ces mots sur des papyri comptables pour signifier «entièrement payé».
    Jésus a «entièrement payé» le prix du jugement divin sur les péchés de tous les hommes.
  2. Autre exemple dans la lettre aux Corinthiens au chapitre 11 et au verset 20 où saint Paul parle du «repas du Seigneur». On y voyait avant une expression grecque unique et propre à Paul. Elle était presque sacralisée. Mais on a retrouvé cette même expression sur des papyri non chrétiens avec le même sens.

Pour toutes ces raisons, on doit retraduire la Bible tous les 30 à 50 ans