Philippe Mélanchthon (1497-1560)

Jeunesse de Mélanchthon

Philippe Schwartzerd, dit Mélanchthon vit le jour le 16 février de cette année-là à Bretten, appartenant à l’électorat[1]. Il est le premier né d’une fratrie de 5 enfants (1 frère et 3 sœurs).

Son père Georges et sa mère Barbara étaient tous deux des personnes charitables et pieuses qui élevèrent leurs enfants dans la crainte de Dieu.

Philippe commença par fréquenter l’école de sa ville natale mais en fut vite retiré à cause d’une dangereuse maladie sévissant alors dans la région. Il eut pour maître distingué un nommé Jean Unger, celui-ci dispensa à son élève une instruction solide ce dont Mélanchton lui sera toujours reconnaissant. Très tôt on discerna chez Philippe des dons extraordinaires pour les études, il saisissait très rapidement toutes les matières qu’on lui enseignait.

Le père de Philippe mourut en 1508 lorsqu’il était âgé de 10 ans. Peu avant sa mort, il fit venir Philippe auprès de lui et lui dit: «J’ai vu dit-il, de grands changements dans le monde, mais il s’en prépare de bien plus considérables encore. Je demande à Dieu qu’il veuille te diriger à cet égard. Je t’exhorte mon fils à craindre Dieu et à vivre d’une manière honorable» Ces paroles dira plus tard Mélanchthon restèrent gravées dans sa mémoire aussi longtemps qu’il vécut.

Philippe fut envoyé à Pforzheim chez une parente de sa mère. Celle-ci était la sœur de Johannes Reuchlin[2], célèbre philosophe et théologien allemand, qui fut avec Erasme un des plus brillants hellénisant et hébraïsant de son époque.

Mélanchthon se lia d’amitié avec lui et ce fut Reuchlin qui hellénisa le nom de famille de Mélanchton (Terre Noire) ce qui était une coutume en cours dans les cercles humanistes de l’époque. Là, il eut pour recteurs les nommés Georges Simler et Jean Hildenbrand, tous deux hommes de grandes capacités. Outre le latin on lui enseigna également le grec, ce qui était à cette époque une marque de distinction évidente. Il devint rapidement le meilleur élève de son école malgré qu’il en soit le plus jeune

1509

2 ans plus tard, alors âgé de 13 ans, il fut admis à l’université de Heidelberg. Il y étudia avec acharnement les langues anciennes et put même donner des cours en l’absence de son professeur. Il recevra en 1511, à l’âge de 14 ans le grade de bachelier ès lettres classiques. Durant cette même année furent imprimées ses premières œuvres essentiellement poétiques

1512 – Université de Tübingen

Mélanchthon rejoignit ensuite l’université de Tübingen ou il y étudia les écrivains classiques grecs et latins, les mathématiques et l’astronomie, la jurisprudence et la médecine. C’est également à cette époque qu’il fit la connaissance et se lia d’amitié avec Jean Husschin, dit Œcolampade[3] , futur réformateur Suisse-Allemand et condisciple de Zwingli.

Mélanchthon se sentait progressivement attiré vers la théologie. A cette époque les Ecritures Saintes étaient tenues à l’écart du plus grand nombre, l’enseignement catholique ne suffisait pas à étancher la soif de vérité de Mélanchthon. Reuchlin lui envoya alors une bible qu’il se mit alors à lire jour et nuit et qu’il transportait partout avec lui.

On ne peut situer ponctuellement la conversion de Mélanchthon, elle paraît s’être opérée graduellement, par une lecture attentive et régulière des Ecritures et par de nombreux partages avec Reuchlin.

1514

Philippe alors âgé de 17 ans, premier sur 11 candidats, reçut le grade de maître ès art philosophie. Il eut à ce titre le droit de dispenser des cours à l’université où il enseigna la poésie (Terence, Virgile, Cicéron et Tite-Live). Sa réputation commença à dépasser les frontières. A titre d’exemple, citons une éloge (non pas de la folie) de la plume du grand humanisteErasme de Rotterdam écrite en 1516:

«Mon Dieu, quelles espérances ne peut-on pas concevoir de Philippe Mélanchthon, qui quoique jeune homme, et même presque enfant, possède une égale connaissance des deux langues! Quelle sagacité dans l’argumentation, quelle pureté dans l’expression, quelles connaissances rares et universelles, que de lecture, quelle délicatesse et quelle finesse d’esprit ne trouve-t-on pas en lui!»

1518

A cette date, à l’âge de 22 ans il se vit offrir le poste de professeur de grec à l’université de Wittemberg, célèbre en Europe puisque six mois plus tôt (31.10.1517), un moine augustin du nom de Martin Luther y avait affiché ses 95 thèses contre les indulgences. Celui-ci en entendant le discours inaugural de Mélanchthon comprit immédiatement que la réformation venait de gagner à sa cause un homme de très grande envergure. Tous deux malgré leurs grandes différences s’apprécièrent énormément. Les deux personnages formaient un duo parfaitement homogène.

Voici comment Luther définissait leur collaboration: «Je suis né pour combattre les factions du diable et les mettre à terre. C’est pourquoi mes livres sont impétueux et belliqueux. Moi j’arrache les racines, je coupe les broussailles, je dessèche les marais, je fraie et j’aplanis le chemin. Lui repasse proprement, laboure et plante, sème et arrose avec plaisir selon les dons que Dieu lui a donnés.»

La symbiose qui s’opéra entre le réformateur et l’humaniste, s’avéra rapidement prolifique. Mélanchthon put apporter à Luther ses profondes connaissances linguistiques dans les traductions Luthériennes de la Bible. Inversement, avec l’aide de Luther, Mélanchthon pénétra plus profondément les subtilités théologiques et fut rapidement considéré comme le second de Luther.

1519 – «La Dispute de Leipzig[4]»

Le 27 juin de cette année, Mélanchthon en qualité de simple spectateur, accompagne Luther et Carlstadt[5], à Leipzig, pour une conférence les opposant auDr Johann Eck[6], vice-chancelier de l’université d’Ingolstadt. Les discutes durèrent 3 semaines et portèrent sur des sujets comme «le libre arbitre, la primauté du pape, le purgatoire, les indulgences, la repentance, l’absolution et la satisfaction.» Ces débats marquèrent un tournant décisif car elles permirent à Mélanchthon de se déterminer théologiquement. Il quitta Leipzig fortifié pour toute sa vie, entièrement conquis à la cause défendue par Luther. 

Dès lors Mélanchthon n’hésite plus à se lancer ouvertement dans les controverses doctrinales. Ayant obtenu dans l’intervalle le grade de Docteur en Théologie, il assiste Luther dans la rédaction de divers commentaires bibliques (Romains-Matthieu) ainsi que des traités particulièrement destinés à l’usage du peuple.

1520

Le 25 novembre 1520, Mélanchthon se marie avec Katerina Krapp, femme pieuse qui sera une excellente mère de famille fille. Leur union fut heureuse et dura 37 ans.

1521

Cette année-là, Mélanchthon écrivit l’un de ses meilleurs ouvrages: Les lieux communs ou Les principaux articles de la doctrine chrétienne[7], Commentaire pratique, basé sur l’épître aux romains traitant de sujets comme de la justification, de la foi et des bonnes œuvres. Certains considèrent ce livre comme le premier traité de Dogmatique de l’Eglise évangélique. Luther le considérait comme quasi canonique.

Afin d’apaiser les tensions théologiques croissantes entre catholique et réformés, l’empereur catholique Charles-Quint convoqua la Diète de Worms le 28 janvier 1521. Luther devant y assister confia à Mélanchthon la charge de le remplacer. Tout le fardeau de la réformation reposa alors sur un jeune homme de 24 ans, qui ne se sentait pas la force de le porter. Il ne perdit pourtant pas courage et redoubla d’efforts dans l’enseignement et la rédaction de diverses publications, dont une apologie de Luther[8].

Durant ce temps, Mélanchthon dut faire face à des dissensions intestines avec ses collègues de Wittemberg. Certains en effet pensaient qu’il fallait expurger radicalement et rapidement le levain cultuel romain.[9] Le prince électeur chargea Mélanchthon avec une commission d’étudier cette question. Malgré un préavis favorable, l’électeur les intima à plus de pondération dans ces réformes concernant des sujets fondamentaux. Cette demande ne trouva pas d’écho positif parmi les tenants de la rupture et la polémique s’étendit rapidement à d’autres régions de l’Allemagne[10]. Afin de calmer les esprits Luther, publia alors un écrit qui imprima à ce mouvement une démarche biblique.[11]

Un autre mouvement susceptible de créer une division prit rapidement une ampleur inquiétante. Avec Carlstadt à sa tête, on vit émerger des personnes prétendument inspirées par des visions surnaturelles. Mélanchthon fut d’abord troublé positivement par ces manifestations. Mais ce mouvement pris rapidement des proportions si inquiétantes qu’on en vint à considérer comme hérétique toute personne s’y opposant. La pression devint si forte que Mélanchthon pressa Luther de venir trancher la question. Celui-ci, encore au ban de l’empire pris le risque de quitter son refuge de Wartbourg et se rendit à Wittemberg . Il y prêcha huit jours consécutifs et réussit quelque peu à endiguer le flot de fanatisme.

1523

Le calme revenu, Mélanchthon, tout en continuant à enseigner la culture classique apporta son aide à Luther pour la traduction de l’A.T. Il publia également en 1523 plusieurs livres de l’Ancien et du Nouveau Testament.

1524

A force de travail acharné, la santé de Mélanchthon venant à s’amenuiser, il fut contraint au repos. Il quitta Wittemberg pour Bretten afin d’y retrouver sa mère. Durant son séjour dans sa ville natale, il reçut la visite de Nausea, secrétaire de Campegio, représentant du pape. Celui-ci tentera sans succès de corrompre le réformateur. Après quelques mois de convalescence, Mélanchthon rentra à Wittemberg. Pour l’anecdote il rencontra fortuitement en chemin, le prince Philippe de Hesse. Celui-ci lui ouvert à la réforme, proposa une escorte au réformateur contre la promesse qu’il lui fasse parvenir un rapport sur les réformes à introduire dans la religion. Mélanchthon s’acquitta de cette tâche dès son arrivée[12].

La révolte des paysans 1524-1525

Ces années affectèrent particulièrement Mélanchthon car elles marquèrent le commencement des persécutions à l’encontre des réformés. Elles touchèrent particulièrement le petit peuple qui se soulevèrent contre l’autorité dans ce qu’on appelé: «La révolte des Paysans» Celle-ci favorisa les ennemis de la réforme qui la présentèrent comme un fruit de la nouvelle doctrine.

Comme les émeutes atteignaient maintenant la patrie natale[13] de Mélanchthon, l’électeur Louis lui demanda de venir en tant que conseiller. Ne pouvant se déplacer, il écrivit néanmoins mais écrivit un traité[14] composé de 12 articles, dans lequel il demandait aux paysans de se soumettre aux autorités, et à ceux-ci de s’humilier et de faire preuve de miséricorde. Les nobles néanmoins ne tinrent pas compte de ces recommandations et réprimèrent la rébellion dans un bain de sang.

1526

Nommé contre sa volonté professeur de théologie, Mélanchthon s’atèle à un programme de formation conséquente des pasteurs. Sa réputation dépassant maintenant les frontières de la Saxe, il fut bientôt appelé de partout afin de réorganiser et de créer diverses institutions. Il visitera également les écoles et les églises qu’il trouvera selon son appréciation dans un état tellement lamentable qu’il en pleurera chaudement.

Afin de palier à cette déplorable situation, on fractionna le pays en plusieurs circonscriptions, la Thuringe fut échue en partage à Mélanchthon. Celui-ci rédigea à l’adresse des pasteurs un document[15] qui est considéré par les historiens comme la première confession de foi de l’église Luthérienne. Cette instruction quoique elle fut accueillie chaleureusement par le plus grand nombre des pasteurs, suscita néanmoins la colère d’autres notoriétés telles que Jean Agricola[16] dont la doctrine antinomisme fut réfutée à la conférence de Torgau en novembre 1527.

1529 – Diète de Spire

L’Allemagne est à cette époque au bord d’une guerre de religion. L’Empereur Charles-Quint décide alors de convoquer une diète à l’endroit de Spire en date du 1er février 1529. A cause de son caractère modéré Mélanchthon y est envoyé par l’électeur Jean-Frédéric. Malgré les tractations, cette diète ne favorisa pas les Etats évangéliques. Elle se ponctuera par la réaffirmation de l’édit de Worms de janvier 1521 qui décréta l’excommunication de Luther et sa mise au ban de Luther. Les réformés firent recours à cette décision et remirent à l’empereur une protestation ce qui leur valut d’être appelés depuis «Protestant[17]» Cette initiative irrita fortement Charles-Quint qui tint des propos si menaçants que Mélanchthon jugea préférable de s’enfuir de Spire. Notons qu’outre ces dissensions, les deux factions s’entendirent néanmoins pour sévir contre le mouvement anabaptiste, ce qui permit les violents décrets qui s’ensuivirent.

Colloque de Marbourg

La question de la Cène venant à diviser dangereusement le courant protestant, Philippe de Hesse, réformé convaincu, jugea nécessaire de ménager une concertation à Marbourg en septembre 1529. Méalnchton, bien que convaincu de l’inutilité de cette rencontre s’y rendit avec Luther et d’autres coreligionnaires[18]. La partie adverse se composait de Zwingli et d’OEcolompade, Martin Bucer et Hédion.

Bien que ce débat se déroula sereinement, chacune des deux factions campa sur ses positions doctrinales, ce qui affecta profondément Mélanchthon qui avait nourri certains espoirs de conciliations. On a dit que cette réunion marque ponctuellement l’amorce d’une rupture interne, ce qui se vérifiera dans les futures tentatives de conciliation[19].

1530: La Diète d’Augsbourg, la Confession d’Augsbourg et l’Apologie de la Confession d’Augsbourg

Charles-Quint, désirant endiguer le clivage religieux convoque la Diète d’Augsbourg. Luther toujours au ban de l’empire ne peut y participer, Mélanchthon[20] est alors chargé de formuler une confession de foi Luthérienne. Malgré son ton qualifié d’irénique, Luther en sera pleinement satisfait. Certains salueront celle-ci[21] comme un «Monument d’harmonie entre les deux réformateurs.»

La Diète débute le 20 juin 1530. En homme pacifique, Mélanchthon est disposé à certaines concessions mineures. Les jours passant, les débats redoublent d’intensité . Intriques et menaces sont si fortes qu’il en devient si désespérément mélancolique, qu’il est même près à de plus grandes compromissions envers le cardinal Campégio[22] Fort heureusement , il se voit repris par l’électeur de Saxe et par Luther qui lui dira entre autres choses ceci: «C’est ta philosophie qui te donne tous ces tourments et non la théologie» Mélanchthon reprend courage et défendit avec la plus grande fermeté la Confession d’Augsbourg. A celle-ci les catholiques opposèrent un document qui fut appelé «La Confutation». Mélanchton dira de celle-ci: «Parmi tous les livres sots et puérils de Faber, la Confutation est un prodige».

Après de multiples et vains débats, la conférence se solda par un échec le 7 septembre. Charles-Quint désavoua les Etats évangéliques et les somma de faire allégeance à l’église catholique en leur fixant une échéance au 15 avril. En guise de réponse, on chargea encore une fois Mélanchthon de rédiger un document qu’on appela l’Apologie de la Confession d’Augsbourg[23] Charles Quint ne voulut pas la recevoir et resta inébranlable. Mélanchthon quitta Augsbourg le 23 septembre pour retourner à Wittemberg.

1531: La ligue de Smalkalde

Les résolutions de l’empereur amenèrent les Etats protestants à s’unir pour prévenir un danger militaire. Mélanchthon postulat pour la légitimité biblique d’une guerre défensive. On signa le 19 mars 1531 un document qui donnera naissance à la ligue dite de Smalkade. Devant prioritairement juguler la menace de l’envahisseur turc, l’empereur juge plus prudent de remettre à plus tard les représailles à l’encontre des réformés. Il accorde le 23 juillet une paix religieuse qu’on appellera la Paix de religion de Nuremberg. Celle-ci réjouit le cœur de Mélanchthon et lui permit de retrouver un peu de calme et de tranquillité.

1533-1534

Le pape Clément VII proposa au nouvel électeur de Saxe Jean Frédéric[24] la tenue d’un nouveau concile qui n’était pas moins qu’une demande de soumission aux résolutions papales. Suivant le conseil de Mélanchthon, une réponse indéterminée fut envoyée au pape et l’on profita de ce temps de flottement pour travailler plus ardemment aux progrès de la réforme. Mélanchthon en profita pour faire réimprimer son Explication de l’Epître aux Romains dédiée à l’Archevêque Albert de Mayence.

Le roi de France François 1er et celui d’Angleterre Henri VIII, ennemis de Charles Quint voyaient positivement la création de la ligue de Smalkalde car elle représentait pour eux un contre pouvoir exploitable au sein même de l’empire ennemi. Bien que catholique et persécuteur des réformés français, François 1er pensait néanmoins faire entrer la France dans l’alliance des Etats évangéliques

Mélanchthon fut chargé d’établir un rapport sur le moyen de rétablir l’unité dans l’Eglise française. Il rendit à cet effet un rapport très conciliant, susceptible d’amener la paix religieuse en France. Ce ne fut qu’en mars 1535 que Mélanchthon apprit que François 1er fut grandement irrité par ces innovations jugées par trop prématurées.

En 1536 et malgré les persécutions sévissant en France, Mélanchthon fut à nouveau invité personnellement et amicalement par roi lui-même. Mélanchthon ayant l’aval de Luther est près d’accepter, mais se voit finalement refuser sa demande de congé par l’électeur, plus au fait des intrigues politiques.

Arriva également dans le même moment, une invitation émanant du roi d’Angleterre Henri VIII. Celui-ci ayant rompu avec l’église de Rome à cause de la non-reconnaissance de son divorce pense pouvoir le justifier par la présence même du réformateur sur le sol anglais. Mélanchthon, de son côté y voit une formidable occasion de répandre l’Evangile en Angleterre, ce que n’approuve pas la majorité des théologiens de Wittemberg. Finalement, l’électeur refusera de le laisser partir

Colloque de Wittemberg

Afin de tenter de régler le litige réformé sur la doctrine de la cène, l’électeur Philippe convoqua le colloque de Wittemberg. En prévision de cette rencontre, Martin Bucer et Mélanchthon se réunirent préalablement à Cassel afin de travailler à une définition commune. Mélanchthon adhéra au point de vue de Bucer sur cette question.

Cette déclaration plut à Luther qui demanda néanmoins un délai d’attente avant sa ratification. De toutes parts Luther et Mélanchthon reçurent du courrier les enjoignant à s’unir autour de cette concorde. Méalnchthon demeurait perplexe sur un point concernant Bucer, à savoir son attachement envers Zwingli et OEcolompade. Bucer dû consentir préalablement à se rétracter de son allégeance aux doctrines Zwingliennes. Le 29.05. 1536, on parvint finalement à un accord qu’on nomma Concorde de Wittemberg , celle-ci procura une grande joie parmi les réformateurs allemands.

Mélanchthon dont la santé avait beaucoup souffert demanda un congé de 5 semaines et se dirigea sur Bretten, puis se rendit à Tübingen pour retrouver son ami Camerarius[25]. Pendant son séjour, il reçut la visite de nombreux savants qui désiraient s’entretenir avec lui. De là, Mélanchthon se rendit le 14 octobre à Nurtingue, puis à Nüremberg où il retrouva de nombreux amis tels qu’Osiander.

1537

A cette époque, le pape Paul III, successeur de Clément VII, décide de convoquer un concile à Mantoue. Luther est chargé de rédiger quelques articles exposant la doctrine de l’église évangélique sur les points non négociables. Ce travail fut appelé «Les Articles de Smalkalde» qui ont été reçus comme les livres symboliques de l’église luthérienne. Ils furent approuvés par l’ensemble des théologiens, dont Mélanchthon. Il y ajouta un commentaire dans lequel il reconnaissait au pape un droit humain de supériorité sur les évêques pour autant qu’il les laisse libres de professer l’Evangile. De leur côté, Luther et l’électeur de Saxe refusèrent d’accorder cette primauté au pape. Luther et Mélanchthon se rendirent à Smalkalde afin d’y faire approuver leur articles par les théologiens réformés. Malgré un retard causé par une maladie de Luther, tous ratifièrent ce qu’on appellera: «Les Articles de Smalkalde».

Nouvelles luttes intestines

Une controverse doctrinale sur le un sujet partiellement débattu à Smalkalde, celui de la nécessité des bonnes œuvres pour l’obtention du salut. Mélanchthon proposa une conférence sur ce sujet, mais son principal adversaire, Cordatus refusa de se rendre à cette concorde, il accusait Mélanchthon d’avoir remanié la Confession d’Augsbourg à sa seule initiative. Mélanchthon menaça de quitter Wittemberg au cas où les thèses de Cordatus y trouveraient un écho favorable. Mélanchthon fut finalement désavoué sur cette question pour une question de formulation. En effet quand Mélanchthon parle plus de sanctification que d’œuvres surérogatoires. Il fut encore désavoué sur la question de la cène. On l’accusa sans qu’il puisse se défendre de vouloir la prendre sous une seule espèce afin de ne pas irriter les catholiques.

En 1538 Mélanchthon fut nommé recteur de l’université de Wittemberg. En cette qualité il eut encore à lutter âprement pour défendre les positions qui étaient les siennes.

1539

Catholiques et protestants se réunirent à Francfort-sur-le-Mein, pour tenter de relever les défectuosités dans le document de La Paix de religion de Nüremberg . Cette conciliation échoua car les catholiques n’acceptèrent pas ces conditions ce qui affecta profondément Mélanchthon qui voyait s’évanouir les espoirs de paix qu’il nourrissait. On signa néanmoins une trêve de 15 mois et on fixa au 15 août une autre conférence dans la ville de Nüremberg.

La réforme gagnait du terrain. Mélanchton visita les églises de la Thuringe. Il y entreprit une œuvre de réformation et de restructuration. Il se rendit à Berlin afin de donner son préavis sur la manière d’introduire la réformation dans ces états non encore acquis à la réforme.

La peste qui sévissait alors à Wittemberg emporta sa sœur et son beau-frère. Mélanchthon, bien que lui-même dans un grand état de faiblesses recueillit leurs enfants dans sa maison. Il fut si sûr de mourir qu’il rédigea son testament, mais sa santé se rétablit peu à peu et il put reprendre ses activités.

Divorce de Philippe de Hesse

Philippe de Hesse, désirant divorcer, mandata Martin Bucer pour la rédaction d’un mémoire justifiant son acte. Ce document fut soumis à Luther et Mélanchthon, ceux-ci, bien qu’embarrassés approuvèrent et rédigèrent ce qu’on a appelé le Conseil secret d’approbation. Ce compromis coûtera cher à l’avancée de la réforme. Charles-Quint a maintenant un moyen de pression sur l’électeur de Saxe auquel il somme sous peine de mort, de ne plus avoir de collusion avec la Ligue de Smalkalde. Ceci donnera l’occasion à l’empereur de reprendre le contrôle de certains Etats évangéliques.

Diète de Spire

En préparation de la diète de Spire, Mélanchthon est chargé de la rédaction d’un document doctrinal sur les concessions susceptibles d’être faites aux catholiques. Celui-ci fut envoyé à l’empereur à qui les réformateurs demandaient de ne pas entrer en guerre. Charles-Quint leur assura de sa volonté pacifique, et de son désir d’unification des églises. Cette diète eut finalement lieu à Haguenau en Alsace. Avant de s’y rendre Mélanchthon était tellement fatigué qu’il trouva bon de rédiger à nouveau son testament.

En chemin, il apprit alors la volonté de Philippe de Hesse de vouloir rendre public le Conseil secret. Cette nouvelle l’angoissa tellement qu’elle exacerba la dégradation de son état physique. Luther alarmé se rendit au chevet de son ami déjà inconscient et se mit à prier avec ferveur pour son rétablissement. Convaincu que Dieu répondrait favorablement il prit la main de Mélanchthon et lui dit: «Prends courage Philippe tu ne mourras pas.» Mélanchthon se remit peu à peu et dira plus tard en guise de témoignage: «Si Luhter n’était pas venu, je serai mort.»

1540-1541- Worms et Ratisbonne

L’assemblée de Hagenau à laquelle devait se rendre Mélanchthon n’eut aucun résultat. Une nouvelle diète fut agendée à Worms. Mélanchton eu à nouveau comme principal opposant le Dr Eck, que le réformateur qualifiait d’hypocrite et de haineux. On discuta sur certains points de la Confession d’Augsbourg et de l’Apologie d’Augsbourg, mais une nouvelle fois, cette conférence n’aboutit à rien et l’on décida de reporter les débats à une autre diète devant avoir lieu à Ratisbonne.

Pour des raisons de santé Luther demanda à l’électeur de Saxe que Mélanchthon n’y assista pas. Cette demande lui fut refusée, l’électeur arguant que la douceur et la supériorité du savant étaient indispensables pour la soutenance d’un tel débat.

Le colloque de Ratisbonne débuta le 5 avril en présence de l’empereur. Celui-ci remit à la commission comme base de travail un document anonyme composé de 23 articles de foi qu’on appela Le livre de Ratisbonne ou encore «L’Intérim de Ratisbonne.»[26]

Après examen les protestants rendirent leurs conclusions sur 9 articles qu’ils ne pouvaient admettre[27]. Luther ira jusqu’à dire «Il est impossible de réconcilier Christ avec le serpent»

Ces débats furent ajournés et il fut décidé d’observer la Paix de religion de Nuremberg jusqu’à une nouvelle convocation. Dans l’intervalle, la réformation faisant beaucoup de progrès, Mélanchthon s’attellera à la rédaction d’un programme de réformes destiné aux églises et écoles des évêchés nouvellement acquis à la foi protestante. Une divergence doctrinale vint refroidir les relations entre Luther et Mélanchthon. Celui-ci avait en effet arbitrairement apporté une redéfinition personnelle sur le point de la Cène. Cette initiative irrita Luther, déjà en conflit avec Zwingli sur ce même sujet. Malgré ce désaccord leur relation amicale de rétablit progressivement, mais ces souffrances morales, en homme de paix qu’était Mélanchthon, affectèrent à nouveau la santé du réformateur qui tomba à nouveau malade.

1544-1545: Nouvelle diète de Worms

Profitant de la menace militaire turque, les protestants demandèrent à l’empereur une paix permanente. Pris à la gorge, celui-ci n’eut d’autre choix dans un premier temps que d’accepter cette demande. Peu après néanmoins, ayant conclu la paix avec François 1er, il eut de ce fait les coudées plus franches pour exercer ces vindicatifs projets à l’encontre des protestants.

Une diète fut à nouveau convoquée à Worms en mars 1545. Les dispositions de l’empereur devenues clairement hostiles aux protestants, celui-ci leur intima l’ordre de se rendre au concile de Trente convoqué par le pape Paul III, ce que refusèrent les Etats réformés. Suite à cette décision, sentant le danger imminent de la guerre, les princes évangéliques se réunirent pour réaffirmer l’alliance de Smalkalde. Afin de tenter de sauver la paix, il fut décidé d’une nouvelle rencontre à Ratisbonne. Mélanchthon fut chargé de rédiger un document de conciliation, mais pour des causes de santé ne put se rendre lui-même à cette conférence. Ce colloque qui débuta le 27 janvier, comme les autres n’abouti également à rien. L’électeur de Saxe qui supputait les intentions malsaines de Charles-Quint fit revenir ses envoyés dans les plus brefs délais.

1546: Mort de Luther

Cette année là fut une année particulièrement éprouvante pour Mélanchthon. En effet outre la mort de Luther survenue le 19 février, il eut encore à souffrir la perte de deux de ses plus intimes amis, Spalatin et Myconius. A cause de ces événements tragiques Mélanchthon se retrouva bien malgré lui à la tête du mouvement réformé allemand.

1546-1547: Guerre de Smalkalde et défaite des protestants

Le 25 juin, l’empereur et le pape conclurent une alliance dont le but avoué était l’éradication de l’hérésie protestante. En réponse à cette menace, Mélanchthon fit publier un texte de Luther intitulé: «Avertissement à mes chers compatriotes allemands» Celui-ci légitimant la résistance armée. En réponse, le 20 juillet, l’empereur mit officiellement au ban de l’empire les deux chefs de la ligue de Smalkalde: L’électeur de Saxe et le landgrave de Hesse. Charles-Quint lança une offensive éclair, pénétra dans la Souabe et dissolu l’université de Wittemberg. Mélanchthon dut s’enfuir et trouva refuge avec sa famille à Zerbst dans le duché d’Anhalt. Il eut encore la douleur de perdre sa fille Anna le 26 février 1547.

L’empereur envahit encore les états de Jean-Frédéric et le condamna à la prison à perpétuité. Cette nouvelle ébranla fortement Mélanchthon qui quitta alors Zerbst pour Magbourg ou se trouvait la veuve de Luther sur le point de se rendre au Danemark. Il l’accompagna jusqu’à Brunswick puis se rendit à Nordhausen où demeurait son ami, le bourgmestre Meienbourg.

Retour à Wittemberg

Le nouvel électeur Maurice décida à rétablir l’université de Wittemberg, invita les anciens professeurs à réintégrer leurs fonctions. A son invitation Mélanchthon se rendit à Anhalt pour s’entretenir avec les théologiens de Wittemberg, tous furent d’accord d’accepter cette proposition. Cette décision valut à Mélanchthon de nombreux reproches, car Maurice, d’obédience protestante avait trahi la ligue de Smalkalde en rejoignant les rangs catholiques durant la guerre de Smalkalde.

Intérim d’Augsbourg

Charles-Quint ayant compris l’impossibilité d’une réforme de type papale en Allemagne, décida de l’entreprendre lui-même. Dans cette perspective il convoqua une nouvelle diète à Augsbourg. En préavis fut édité un document du type de celui de Ratisbonne, qu’on appela «l’Intérim d’Augsbourg.»

L’électeur Maurice demanda à Mélanchthon de donner son opinion sur ce document. Celui-ci la rejeta sévèrement en qualifiant cette formule de dangereuse à plus d’un titre. L’empereur irrité de cette fermeté, exigea qu’on lui livra Mélanchthon. Celui-ci dut s’enfuir à nouveau et trouva refuge dans un monastère. En mai 1548 on lut néanmoins l’Intérim à Augsbourg. Certains acceptèrent de le signer et d’autre s’y refusèrent obstinément malgré toutes les contraintes exercées par l’empereur

Intérim de Leipzig

Avant de quitter Augsbourg, l’électeur Maurice remit une protestation selon laquelle il n’imposerait pas cet Intérim à ses sujets. Dès son retour, il demanda à Mélanchthon de rédiger un nouveau préavis sur l’Intérim. Celui-ci, suivi par de nombreux théologiens réaffirma sa position initiale.

Diète de Torgau

Le 18 octobre, on convoqua une nouvelle diète sur la question de l’Intérim, mais là encore on ne put parvenir à un accord. On rédigea alors avec l’aide Mélanchthon un autre document appelé l’Intérim de Leipzig, qui fut accepté. Rentré à Wittemberg le 6 janvier, Mélanchthon eut à subir de violentes attaques de la part de Luthériens fondamentalistes qui voyaient dans cet Intérim une trahison de la pensée du grand réformateur. Il eut pour se défendre à soutenir de nombreuses et pénibles luttes qui allaient à l’encontre de son caractère pacifique et conciliateur.

Luttes contre Flacius[28]

Son détracteur le plus farouche fut Matthias Flacius qui fut un ami de Luther. Celui-ci se mit à écrire des articles violents et surtout calomniateurs à l’encontre de Mélanchthon. Dans un premier temps, le réformateur, pensant que les choses se calmeraient d’elles-mêmes ne jugea pas utile de répondre a ces provocations. Mais quand il se rendit compte que ces événements prenaient une tournure inquiétante, il commença alors à rétorquer épistolairement. Cela ne calma pas pour autant Flacius qui persévéra par ses virulentes diatribes. Celui-ci amorcera plusieurs tentatives de réconciliation qui seront toutes refusées par Mélanchthon. Malgré une tentative d’arbitrage qui eu lieu le 17 janvier 1557 à Magdebourg, aucun rapprochement ne fut plus possible entre les deux hommes.

Contre Osiander[29]

Celui-ci souleva une autre controverse contre Mélanchthon au sujet de la justification. Pensant qu’il s’agissait uniquement d’une dispute de mots, Mélanchthon écrivit en 1551 à Osiander une lettre amicale dans laquelle était exposés quelques réflexions doctrinales sur le sujet. Les idées d’Osiander se répandant rapidement, Mélanchthon publia alors en 1552, un écrit[30] destiné à les combattre, ce qui exacerba encore la colère d’Osiander. Celui-ci répondit à son tour par deux écrits forts virulents.[31] Cette querelle ne prit fin qu’à la suite de la mort inattendue d’Osiander le 17 octobre 1552.

Diète de Worms de 1557

Pour tenter de rapprocher les antagonistes, on convoqua une nouvelle diète à Worms le 11 septembre. Profitant d’un ajournement de quelques jours, Mélanchthon se rendit à Heidelberg où il apprit la mort de son épouse, décédée le 11 octobre dans la paix de Dieu.

Quand il apprit cette nouvelle il éprouva un violent chagrin, leva les yeux au ciel et dit: «Au revoir, je te suivrai bientôt». Bien que bouleversé, Mélanchthon revint à Worms pour y composer une nouvelle formule susceptible d’unir les protestants. Finalement une fois de plus, ce colloque n’aboutit à rien.

Mort de Mélanchthon

Fatigué de toutes ces luttes incessantes, Mélanchthon soupirait à l’idée d’être repris par le Seigneur. Il souffrait de plus en plus dans son corps et perdait sensiblement l’usage de ces yeux. La pensée de la mort se présentait souvent dans l’esprit de Mélanchthon mais ne l’effrayait pas. Sa seule demande à Dieu était de pouvoir partir en paix.

Dans les derniers moments de sa vie, son état déclina graduellement. Le dernier jour, il eut une forte fièvre qui l’affaiblit encore, les médecins chargés de l’ausculter rendirent un diagnostic très pessimiste. Se sachant proche du grand départ, il fit venir auprès de lui ses petits-enfants qu’il aimait tendrement et s’entretint avec eux. Il prit soin ensuite de nommer son successeur en la personne de Paul Eberus.

Ses derniers moments, il les passa en prières, mettant sa foi en Dieu, puis ses forces l’abandonnèrent, il s’endormit en paix à 7 heures du soir, il avait 63 ans et 63 jours. Il fut inhumé le 21 avril 1560 dans l’église du château de Wittemberg aux côtés de son vieil ami Luther.


[1] Territoire soumis à la juridiction d’un Électeur. Prince ou évêque qui participait à l’élection de l’empereur dans le Saint Empire romain germanique. L’Électeur de Saxe.

[2] Né le 22 février 1455 à Pforzheim; † le 30 juin 1522 à Stuttgart.

[3] Weinsberg 1482 – Bâle 1531

[4] Disputatio de Leipzig

[5] Archidiacre de Wittemberg , 1480-1541

[6] 1486-1543

[7] Loci communes rerum theologicarum seu hypotyposes theologicae

[8] Apologie de Luther contre le jugement furibond des théologiens de Paris.

[9] Suppression des messes privées et distribution de la cène sous les deux espèces.

[10] Monastères de Misnie et de Thuringe.

[11] Les vœux ecclésiastiques et monastiques.

[12] Abrégé de la doctrine chrétienne renouvelée, au sérénissime prince le Landgrave de Hesse.

[13] Palatinat.

[14] Ecrit contre les articles des paysans.

[15] Instruction des visiteurs aux pasteurs de l’électorat de Saxe

[16] Fondateur de la secte des Antinomiens qui prétendaient que la foi est inutile pour être sauvé.

[17] Pro testare: Pour le témoignage.

[18] Jonas, Osiander, Brenz, Agricola

[19] Rotach; Schwabach; Smalkalde; Nüremberg.

[20] Bien que la Confession d’Augsbourg intègre 17 articles de Lüther (Articles de Torgau, Marbourg), elle demeure surtout l’œuvre de Mélanchthon

[21] Cette Confession est encore en vigueur aujourd’hui dans les Eglises Luthériennes.

[22] Représentant du pape à la Diète d’Augsbourg

[23] Cette Apologie sera admise au nombre des écrits confessionnels de l’église luthérienne

[24] Successeur de son père Jean le Constant décédé le 15 mars 1532

[25] Corédacteur de la Confession d’Augsbourg

[26] On ne connaît pas certainement l’auteur de ce livre. On a avancé des noms tels que: Wizel, Groper, Volcruck

[27] Cène; Confession auriculaire; satisfaction; Unité de l’Eglise et ordination; saints; messe; messes privées, célibat des ecclésiastiques.

[28] 3 mars 1520-11 mars 1575

[29] Andreas Osiander, né le 19 décembre 1498 à Gunzenhausen, Bavière – mort en 1552 à Königsberg, Prusse, théologien réformateur allemand.

[30] Réponse au livre de Monsieur Osiander, sur la justification de l’homme

[31] Une saignée à Monsieur Philippe et Réfutation de la futile réponse de Monsieur Philippe Mélanchthon