Martin Luther (1483-1546)

On considère généralement Martin Luther comme le “père” de la Réforme, pourtant, le mouvement avait eu des précurseurs: Valdès, Wycliff, Hus, notamment, que nous avons présentés précédemment dans ces colonnes. Luther n’avait pas rencontré Christ avant que, à l’âge de 25 ans, ses yeux s’arrêtent presque par hasard sur le verset 17 de Romains 1×Romains 1.1-321 De la part de Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’Evangile de Dieu.
2 – Cet Evangile, Dieu l’avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Ecritures.
3 Il concerne son Fils qui, en tant qu’homme, est né de la descendance de David
4 et qui, du point de vue de l’Esprit saint, a été déclaré Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection: Jésus-Christ notre Seigneur.
5 C’est par lui que nous avons reçu la grâce d’exercer le ministère d’apôtre pour conduire en son nom des hommes de toutes les nations à l’obéissance de la foi;
6 et vous en faites partie vous aussi, qui avez été appelés par Jésus-Christ. –
7 A tous ceux qui sont à Rome bien-aimés de Dieu, appelés à être saints: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!
8 Tout d’abord, je dis à mon Dieu par Jésus-Christ toute ma reconnaissance au sujet de vous tous parce que dans le monde entier on parle de votre foi.
9 Dieu, que je sers de tout mon coeur en annonçant l’Evangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous dans mes prières.
10 Constamment je lui demande d’avoir enfin, dans le cadre de sa volonté, le bonheur d’aller chez vous.
11 Je désire en effet vous voir pour vous communiquer un don spirituel afin que vous soyez affermis,
12 ou plutôt afin que nous soyons encouragés ensemble chez vous par la foi qui nous est commune, à vous et à moi.
13 Je ne veux pas que vous ignoriez, frères et soeurs, que j’ai souvent formé le projet d’aller vous voir afin de récolter du fruit parmi vous tout comme parmi les autres nations, mais j’en ai été empêché jusqu’ici.
14 Je me dois à tous, civilisés ou non, sages ou ignorants.
15 Ainsi j’ai un vif désir de vous annoncer aussi l’Evangile, à vous qui êtes à Rome.
16 En effet, je n’ai pas honte de l’Evangile [de Christ]: c’est la puissance de Dieu pour le salut de tout homme qui croit, du Juif d’abord, mais aussi du non-Juif.
17 En effet, c’est l’Evangile qui révèle la justice de Dieu par la foi et pour la foi, comme cela est écrit: Le juste vivra par la foi.
18 La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui par leur injustice tiennent la vérité prisonnière,
19 car ce qu’on peut connaître de Dieu est évident pour eux, puisque Dieu le leur a fait connaître.
20 En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient depuis la création du monde, elles se comprennent par ce qu’il a fait. Ils sont donc inexcusables,
21 puisque tout en connaissant Dieu, ils ne lui ont pas donné la gloire qu’il méritait en tant que Dieu et ne lui ont pas montré de reconnaissance; au contraire, ils se sont égarés dans leurs raisonnements et leur coeur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres.
22 Ils se vantent d’être sages, mais ils sont devenus fous,
23 et ils ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible par des images qui représentent l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles.
24 C’est pourquoi Dieu les a livrés à l’impureté par les désirs de leur coeur, de sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leur propre corps,
25 eux qui ont remplacé la vérité de Dieu par le mensonge et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen!
26 C’est pour cette raison que Dieu les a livrés à des passions déshonorantes: leurs femmes ont remplacé les rapports sexuels naturels par des relations contre nature;
27 de même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec la femme et se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres; ils ont commis homme avec homme des actes scandaleux et ont reçu en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.
28 Comme ils n’ont pas jugé bon de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur intelligence déréglée, de sorte qu’ils commettent des actes indignes.
29 Ils sont remplis de toute sorte d’injustice, [d’immoralité sexuelle,] de méchanceté, de soif de posséder et de mal. Leur être est plein d’envie, de meurtres, de querelles, de ruses, de fraudes et de perversité. Rapporteurs,
30 ils sont aussi médisants, ennemis de Dieu, arrogants, orgueilleux, vantards, ingénieux pour faire le mal, rebelles à leurs parents.
31 Dépourvus d’intelligence, de loyauté, d’affection, ils sont [irréconciliables,] sans pitié.
32 Et bien qu’ils connaissent le verdict de Dieu déclarant dignes de mort les auteurs de tels actes, non seulement ils les commettent, mais encore ils approuvent ceux qui agissent de même.
: “Le juste vivra par la foi.”

Bien que né dans une famille de mineurs, à Eisleben, en Saxe, Luther étudia le droit et c’est à vingt ans, à la bibliothèque de l’université d’Erfurt, qu’il découvrit pour la première fois une Bible. Son doctorat obtenu, il résolut brusquement d’abandonner la carrière juridique et entra au couvent des Augustins, contre la volonté de son père.

Il était tourmenté par le sentiment de ses péchés et espérait trouver au couvent la paix de l’âme et une vie sainte. Mais au lieu de moeurs pures, il eut sous les yeux le spectacle de désordres de toute espèce.

Il était convaincu que les mortifications qu’il s’infligeait volontairement constitueraient un grand mérite aux yeux de Dieu. Il pensait en effet devoir mériter son salut par ses bonnes œuvres et la discipline de l’ordre. Il fit plus tard cet aveu: “Je ne croyais pas en Christ, je le craignais comme un juge sombre et terrible.”

Ce sont deux Augustins qui lui ouvrirent les yeux sur la Rédemption par l’œuvre de Christ à la Croix. Dès lors, l’enseignement qu’il dispensait à l’université fut transformé, il reposait sur la Bible seule. Il rendit ainsi à la Vérité la place dont l’église romaine l’avait privée.

Ce que Luther vit lors d’un séjour à Rome, où il avait été envoyé pour régler un différend entre les Augustins et le Saint- Siège, le convainquit qu’une réforme complète de l’église était indispensable. Il ne pouvait notamment que s’opposer de toutes ses forces à la vente des indulgences qui se pratiquait alors en Allemagne.

Après avoir prêché contre ce commerce, il afficha à la porte de la cathédrale de Wittenberg ses 95 thèses qui résumaient l’enseignement de la Bible et condamnaient l’odieux trafic. Elles se propagèrent rapidement. Au bout de quinze jours, toute l’Allemagne les connaissait, après un mois, on les lisait dans toute la chrétienté, grâce aux nombreux pèlerins venus en ville, et elles provoquèrent une grande agitation.

Mais si Luther était d’un tempérament fonceur, aux périodes d’euphorie succédaient des moments de profond découragement. Ainsi, il tremblait à la pensée d’avoir contre lui toute l’église à laquelle il se rattachait encore. C’est alors que le Seigneur plaça à ses côtés un collaborateur de valeur, Philippe Melanchthon. Contrairement à Luther, il était doux et paisible, mais jouissait pourtant d’une grande autorité.

A Rome, le pape Léon X s’inquiétait des remous provoqués par Luther et lui ordonna de se présenter devant lui. Obéir était courir à la mort, mais son puissant protecteur, l’électeur Frédéric de Saxe, obtint qu’il soit jugé en Allemagne. Le procès, à Augsbourg, porta essentiellement sur l’affirmation que “seule la foi sauve”, propagée par Luther. Ce dernier refusa de rétracter ses propos, à moins qu’on lui démontre par la Bible qu’il avait tort. Menacé, Luther s’enfuit à Wittenberg. Provoqué par le docteur Eck, autrefois son ami, il se rendit à Leipzig pour l’affronter dans un débat public où il le confondit, proclamant notamment que, à la lumière des Ecritures, le pape usurpait le titre de vicaire de Christ.

La guerre au Saint-Siège était déclarée et, en août 1520, Luther lança son célèbre “Appel à Sa Majesté Impériale et à la Noblesse chrétienne de l’empire allemand concernant la Réforme de la Chrétienté.” Il publia encore de nombreux ouvrages qui se répandirent dans toute l’Europe. Sous la pression de Eck, mortifié par l’influence grandissante de Luther, le pape accepta de le condamner. Un émissaire fut envoyé auprès de l’électeur de Saxe afin qu’il fasse exécuter la sentence d’excommunication: brûler les écrits de Luther et lui infliger le châtiment qu’il méritait. Erasme, consulté, proposa que la question soit soumise à des juges impartiaux.

Pendant ce temps, l’empereur Maximilien venait de mourir, et les électeurs appelèrent Charles Quint à la tête de l’Allemagne. Le jeune souverain, catholique convaincu, était aussi épris de justice. Il convoqua Luther à paraître devant lui et la Haute Assemblée, muni d’un sauf-conduit. Le réformateur obtempéra. Durant tout le procès, il refusa de renier ses écrits et ses convictions, se défendant au nom de la Parole de Dieu et soutenu puissamment par le Seigneur. Autorisé à rentrer à Wittenberg, il fut enlevé en chemin par cinq cavaliers qui le conduisirent à la Wartburg. L’électeur de Saxe, qui avait eu connaissance d’un complot pour assassiner Luther, l’avait ainsi mis en sécurité dans son château. Durant son repos forcé, Luther entreprit de traduire le Nouveau Testament en allemand, puis la Bible entière, qui furent très largement diffusés.

Pendant ce temps, sous l’impulsion de Thomas Munzer, qui se prétendait prophète, des illuminés se mirent à saccager les églises et les couvents. Sortant de sa cachette, Luther parvint à rétablir l’ordre. Il avait alors 39 ans, la fougue de la jeunesse s’était calmée et trois ans plus tard, il épousa Catherine de Bora. Il publia aussi énormément, 313 ouvrages en deux ans. S’il réorganisa le culte, il n’avait pourtant pas abandonné certaines idées contractées dès son enfance, se contentant de supprimer les plus grossières pratiques du catholicisme.

Des troubles en Allemagne , puis dans toute l’Europe , occupèrent les souverains, ce qui laissa un répit à Luther, qui publia son Exhortation à la paix. Accusé de prendre le parti des insurgés, il fut condamné par la deuxième diète de Spire qui prétendit contraindre les partisans de la Réforme à exécuter l’édit d’excommunication. Ceux-ci protestèrent énergiquement et, pour la première fois, on les nomma «protestants».

Charles Quint, qui n’avait pu se rendre à Spire, fut irrité et convoqua une nouvelle diète à Augsbourg. Craignant pour sa vie, Luther se fit représenter par Melanchthon. Moins intransigeant que son maître, celui-ci fit quelques concessions, au grand mécontentement de Luther. Les princes protestants tinrent ferme dans leurs convictions, mais eurent une attitude agressive et une guerre civile en résulta. Ulcéré, Luther se retira peu à peu de la vie active, se contentant de consolider par ses écrits l’édifice qu’il avait construit.

Affaibli, usé par le travail, ce fidèle serviteur s’endormit dans le Seigneur le 19 février 1546, mais son oeuvre se poursuivit, notamment avec Melanchthon.

Auteur: René Neuenschwander
Paru dans Bible-Info , hiver 2005