L’invention de l’imprimerie remontant à Gutenberg au milieu du 15e siècle et celle de la photocopie (et du scanner) étant encore plus récente, il est facile de deviner que des textes écrits avant notre ère ou au début de notre ère n’ont pas bénéficié de ces progrès technologiques. Il a donc fallu copier et recopier à la main (d’où le terme «manuscrits») les textes pour qu’ils traversent les générations et les siècles jusqu’à nous.
L’Ancien Testament
Avant 1947, le plus ancien manuscrit hébreu de l’Ancien Testament en possession des savants datait de 826. C’était 1000 ans après la rédaction du dernier livre de l’Ancien Testament. Les spécialistes auraient bien aimé disposer de manuscrits plus anciens afin de pouvoir faire des comparaisons. Mais personne ne pensait qu’ils pouvaient exister, à cause des dommages occasionnés par le soleil, le vent et la pluie.
Les manuscrits de la mer Morte
En 1947, un jeune berger bédouin découvrit des jarres pleines d’anciens rouleaux en cuir dans une grotte près de la mer Morte. Il ne savait pas qu’il venait de faire la plus grande découverte de l’archéologie biblique au 20e siècle. Les archéologues découvrirent rapidement que ces manuscrits faisaient partie de la bibliothèque d’une communauté religieuse vivant à Qumrân près de la mer Morte. On trouva en tout plus de 500 documents. Cent d’entre eux portent des textes de l’Ancien Testament, tirés de tous les livres sauf d’Esther. Le rouleau d’Esaïe remonte à 100 ans avant J.-C. Ces rouleaux en hébreu sont 1000 ans plus anciens que tous les manuscrits connus de la Bible hébraïque.
N. B.:
Les spécialistes ont comparé tous les manuscrits de la mer Morte avec les textes dont on disposait alors. Ils ont été surpris de la précision des manuscrits: le texte était quasiment identique. Les différences étaient si minimes qu’il ne valait presque pas la peine de les mentionner. Les textes de l’Ancien Testament ont donc été transmis de manière remarquable au cours des millénaires, et c’est réellement extraordinaire!!
Le travail des copistes de l’AT
En ce qui concerne l’Ancien Testament, le soin apporté à la copie était extrême. Les scribes (sopherim) devaient respecter des règles rigoureuses dans leur travail. Quand ils avaient terminé leur travail, on comptait toutes les lettres et tous les mots du texte pour comparer avec le modèle. S’il était trouvé conforme, il était déclaré authentique et avait une valeur égale à celle de l’ancien manuscrit. Les manuscrits marqués par l’usage étaient toutefois conservés dans la gheniza, local réservé à cet usage dans chaque synagogue. Dès l’an 500 apr. J.-C. et jusque vers l’an mille environ, de nouvelles écoles de scribes apparaissent: celles des Massorètes. Leur contribution la plus importante a certainement été l’introduction d’une ponctuation et de points-voyelles fixant la prononciation du texte. La valeur de ce texte hébreu traditionnel, dit massorétique, a été confirmée par la découverte des manuscrits de la mer Morte, mille ans plus anciens. Le seul manuscrit complet de l’Ancien Testament que nous possédions est le Codex Leningradensis, datant de 1008, mais les témoins hébreux du texte biblique sont au nombre d’environ 3000.
Les traducteurs ne vont bien sûr pas consulter eux-mêmes les manuscrits. Ils se réfèrent aux recensions qu’en ont faites des éditions, que l’on appelle critiques, de l’Ancien et du Nouveau Testaments.
Le Nouveau Testament
Il y a plus de manuscrits de la Bible que de tout autre livre de l’Antiquité. Nous disposons de 25’000 manuscrits de portions du Nouveau Testament. Beaucoup sont relativement anciens. Pour les autres ouvrages classiques, il y a en général un écart de 1200 ou 1400 ans entre les écrits originaux et les manuscrits dont nous disposons. Une simple comparaison permet de donner un ordre d’idée. Personne ne remet en question le fait que Jules César a envahi la Gaule, pourtant seuls 10 manuscrits le confirment et le plus ancien date de 800 ans après les événements. Pour le Nouveau Testament, nous possédons 5’000 manuscrits complets en grec et 10’000 en latin, datant de 130 à 350 après J.-C. Soit un écart de 30 à 90 ans avec les faits !!
De plus, les copistes ont été très soigneux en copiant les écrits du Nouveau Testament, à cause de leur importance. Les différences entre manuscrits sont minimes. Pas une doctrine ne dépend d’un texte présentant des variantes.
« L’intervalle entre la date de rédaction originale et les plus anciens témoins connus du texte est si mince qu’il en devient négligeable et que les derniers doutes concernant la fidélité de la transmission des Ecritures ont maintenant été levés. Aussi bien l’authenticité que la fiabilité générale des livres du Nouveau Testament peuvent être considérées comme définitivement établies. » Kathleen Kenyon, archéologue spécialiste de la Bible.
Anciens papyri
La plus ancienne copie du Nouveau Testament connue, de l’avis unanime des spécialistes, porte le nom de P52; il s’agit d’un papyrus datant d’environ 125 apr. J.-C et contenant uniquement Jean 18.31-33 , 37-38 . Il est donc postérieur d’une cinquantaine d’années au maximum à l’original. Selon Carsten P. Thiede, le papyrus d’Oxford, portant des extraits de l’Evangile de Matthieu, serait même encore plus ancien: il daterait d’environ 50 apr. J.-C!