Quand un policier sort de sa prison…
A ma naissance, en 1963, à Marseille, au sein d’une famille de confession catholique, mes parents me prénomment Guy-Luc.
Pratiquants, plus par tradition que par conviction, mes parents me baptisent. Nous allons à la messe le plus régulièrement possible, et je suis inscrit au catéchisme en vue de mes deux communions. Mais tout cela sans connaître et comprendre l’amour que Dieu a pour moi.
Très tôt, j’ai du mal à croire que l’amour existe vraiment, malgré l’affection que mes parents me donnent. Ils me parlent d’unité familiale, mais mon cœur d’enfant est plein de tristesse quand je constate l’infidélité conjugale de mon père envers ma mère.
C’est à l’âge de 17 ans que je suis amoureux pour la première fois. Je veux vivre le grand amour, sans hypocrisie, et mon cœur est vrai devant celle que j’aime. Ce que j’ignore, c’est que la maman de ma bien-aimée exerce la voyance. Mes parents, qui en sont informés, tentent de me sensibiliser sur le danger d’une telle pratique, et, dans leur amour, font tous leurs efforts pour me protéger en s’opposant à ma relation amoureuse. Je ne comprends pas leur réaction. Pourquoi m’empêchent-ils d’aimer ? Je refuse de les écouter et entre en conflit avec eux. Je néglige mes études, mes activités sportives, mes amis… me renfermant de plus en plus sur moi-même. Mon comportement fait souffrir toute ma famille. Peu m’importe : je veux aimer, à tout prix. Mais au bout d’une année, je réalise que mon amour n’est pas naturel : la maman d’A… manipule et contrôle, par sa pratique occulte, mes sentiments et ceux de sa fille.
Je ressens alors une énorme déception et une profonde amertume. C’est dans cet état que, n’y croyant plus du tout, je bannis de ma vie tout sentiment amoureux.
Pour panser la blessure de mon cœur, je me réfugie dans la sexualité, devenant rapidement un débauché. Je parviens à mes fins en séduisant les filles du lycée. Certaines s’attachent à moi et souffrent parce que je refuse leurs sentiments par une désinvolture qui dissimule de la rancœur. Je ne veux plus aimer, et joue avec elles. Elles en souffrent, et j’en souffre moi-même. Mon cœur est sensible mais il s’endurcit. Il s’endurcit par le péché qui, depuis longtemps, s’est emparé de lui. Et plus j’avance dans la vie, plus le péché me conduit : cupidité, égoïsme, vol, mensonge, convoitise, fornication, orgueil, mépris… avec un cœur qui saigne vide d’amour.
Après mes études et mon service militaire, je passe le concours d’entrée dans la Police Nationale en 1984, et, au terme de huit mois de formation en école des gardiens de la paix, je suis affecté à Paris en 1986.
Arrivé dans la capitale, je m’enfonce toujours plus dans cette vie sans espérance, sans comprendre pourquoi je suis là, d’où je viens, où je vais, pourquoi tant de misère, pourquoi cette haine autour de moi dans ce monde créé par un Dieu d’amour (?), un monde dans lequel je me sens si faible et si petit.
J’ai quelques amis avec lesquels je partage d’agréables moments, et devant eux, j’adopte l’attitude de celui qui est bien dans sa peau, sûr de lui, pour qui tout va bien… Mais je sais au fond de moi que ce personnage est faux, et que la réalité est tout autre. Je n’aime pas ma vie qui n’a aucun sens, aucune saveur, animée d’aucun but ni passion, avec de temps à autres le mot « suicide » qui résonne très loin au fond de ma pensée.
Je suis policier depuis bientôt dix ans.
C’est alors que j’entends l’Evangile.
Suite à une lourde épreuve en fin d’année 1994, mes parents – qui, ne s’accordant plus depuis longtemps, envisagent de se séparer – se tournent vers Dieu, se convertissant à Jésus-Christ. Lorsque je les contacte par téléphone à Montpellier, ils me parlent de Jésus comme étant la véritable lumière que Dieu a envoyée dans le monde pour éclairer tout homme.
Surpris et inquiet, je me rends chez eux pour voir ce qui s’y passe. Je suis reçu comme à l’habitude, toujours avec joie, mais cette fois-ci avec quelque chose de nouveau : la Bible. Curieux de cette foi soudaine qui anime mes parents, je pose quelques questions, et j’apprends, versets à l’appui, que Dieu, désirant révéler aux hommes combien Il hait le péché mais aime le pécheur, a mis sur le compte de son Fils tous nos péchés, et a déversé toute sa colère sur lui, le laissant mourir sur une croix à la place de tous les hommes. Je lis que Jésus est le seul médiateur entre Dieu et les hommes , Lui-même se présentant comme étant le chemin, la vérité et la vie, personne ne pouvant venir à Dieu le Père que par Lui. Ainsi, j’apprends qu’Il est réellement ressuscité pour la justification de quiconque se repent de ses péchés et place en Lui toute sa confiance.
Je sais que je suis pécheur, mais malgré mon respect pour l’Ecriture Sainte, je ne me sens pas particulièrement concerné par ce qui est écrit dans ce Livre. Cependant, je constate que mes parents ont changé. J’ai en face de moi un homme et une femme [re]unis, réconciliés, heureux de vivre le pardon de Dieu, de connaître Jésus-Christ comme leur Sauveur et Seigneur, et d’avoir la vie éternelle uniquement par sa grâce.
Sceptique et méfiant, je me rends, avec eux, le dimanche matin, dans l’église − dite « évangélique » − qu’ils fréquentent désormais, et je fais la connaissance de gens simples et chaleureux, sereins, animés d’une foi vraie et vivante, pleins d’affection les uns envers les autres. Leur cœur est joyeux ; le mien est triste. Finalement rassuré que mes parents ne sont pas dans une secte, je repars pour Paris, et retrouve ma vie de débauche, une vie sans vie… sachant que mes parents prient Dieu qu’Il me bénisse.
C’est alors que je rencontre S…, une jeune fille asiatique qui a en elle de grandes souffrances. Elle espère trouver en moi quelqu’un qui puisse panser son cœur meurtri, pour enfin être heureuse. Curieusement, mes sentiments amoureux, que je croyais éteints, réapparaissent, et, craignant d’être à nouveau déçu et de souffrir comme autrefois, je suis de plus en plus épris de cette jeune fille. Répondant à son attente, et espérant trouver un sens à mon existence, je m’investis le plus possible pour elle, désireux de vivre le grand amour, le vrai.
On parle de mariage, d’enfants, de construire quelque chose.
Cependant, mon orgueil demeure toujours en moi. Dans mes désaccords avec S…, je ne peux reconnaître mes torts lorsqu’elle a raison. Je voudrais mais ne le peux. Mon amour propre l’emporte sur les sentiments que j’ai pour elle. Et quand c’est moi qui ai raison, j’attends de sa part des excuses qui ne viennent pas. Irascible, incapable de maîtriser mon impulsivité, je m’irrite pour un rien. Nous nous disputons, nous séparons, mais nous souffrons parce que nous sommes amoureux l’un de l’autre. Alors on se réconcilie, on passe l’éponge, on « oublie », et on repart à zéro, chacun essayant de s’améliorer. Nous nous accordons pendant un mois, un mois et demi… puis crac ! Tout s’écroule à nouveau. Je me rends de plus en plus compte que je ne sais pas aimer ; j’ai du mal à satisfaire l’espérance de S… à cause de ma faiblesse. Je fais de mon mieux, mais n’y arrive pas. Mon orgueil étouffe mon amour pour elle.
Nous vivons comme cela pendant six mois… jusqu’au 2 mars 1996.
Dix heures du matin. Nous nous querellons à cause d’un paquet de cigarettes. Insultes, pleurs… adieu ! C’en est assez ! Je le savais ! Voilà à quoi mènent les sentiments : déception, séparation, incompréhension, souffrance…
Il est 14 heures 30, et je prends mon service : je souffre. Je mets ma tenue d’uniforme : je souffre. Me voici dans la salle de repos : je souffre. Je souffre trop. J’aime S… mais je souffre de ne pas savoir l’aimer véritablement. Où est cet Amour avec un grand A ? Je sais qu’il existe, mais où ?
Désespéré, je m’interroge sur ma vie, mon existence, ma destinée : pourquoi ne sais-je pas aimer ? Pourquoi n’ai-je aucun sens à ma vie ? Pourquoi des enfants meurent-ils de faim ? Des bombes explosent-elles dans le métro ? Cette hypocrisie autour de moi ?…
Je veux comprendre, avoir un sens à ma vie, aimer et être aimé.
Y a-t-il quelqu’un qui puisse m’aider ? Quelqu’un qui, connaissant la vérité sur toutes choses, puisse m’expliquer, m’instruire, m’ouvrir les yeux ?…
Il est quinze heures quand je me pose toutes ces questions, et pendant trois heures, quelqu’un va me parler par le biais de ma conscience. Quelqu’un qui m’aime d’un amour parfait, qui entend et voit ma détresse. Ce quelqu’un, c’est Dieu.
Durant trois heures, Dieu, par son Esprit, me dit : « Si tu ne comprends pas ce qui se passe dans ce monde, si tu n’as aucun sens à ta vie, si tu ne sais pas aimer et être aimé, c’est à cause de tes péchés ! Tu bâtis ta vie sur du sable, et elle s’écroule. Demande-moi pardon, et reconnais mon amour à travers mon Fils Jésus mourrant pour toi, crucifié avec tes péchés ; alors tu comprendras et tu aimeras.»
J’entends cela pendant trois heures, et je lutte avec mon orgueil qui ne veut pas que je m’humilie et me repente de mes péchés devant Dieu. Je suis tiraillé d’un côté par Dieu qui m’appelle à la repentance pour me pardonner, et de l’autre par mon orgueil qui veut encore me faire vivre dans l’incrédulité et l’impiété.
Mais à dix-huit heures, l’amour divin est plus fort. Convaincu par Dieu que mes péchés sont la cause de mon désespoir, je suis au bord des larmes et me réfugie dans la chapelle du Dépôt pour échapper aux regards de mes collègues.
Là, à genoux, je pleure devant Dieu. Je me sens sale, coupable devant la sainteté de son amour. Je Lui avoue toutes mes transgressions, reconnaissant que son Fils Jésus a donné sa vie pour moi. Implorant son pardon et sa grâce, je crois dans mon cœur que Jésus-Christ est vraiment ressuscité, L’accepte comme mon Sauveur et Seigneur, et Lui confie ma vie. Décidé de vivre désormais pour Lui et Le servir, je Lui dis : « Entre dans mon cœur, nettoie-le, et enseigne-moi, si Tu es la vérité ! »
La date du 2 mars 1996 est définitivement gravée dans mon cœur. Quelle transformation dans ma vie ! Plus de rancune, plus d’amertume, plus de haine. Mais un Amour dans un cœur guéri, son Amour qui déborde et me donne la force d’aimer mon prochain, de pardonner et de demander pardon à tous ceux et celles que j’ai blessés.
Une nouvelle vie est née en moi – celle dont parle Jésus dans l’Evangile de Jean – pleine de joie, de paix, d’espérance, de reconnaissance et d’adoration envers Celui qui m’aime d’un Amour inaltérable, et qui m’a pardonné. Il a effacé tous mes péchés, me délivrant de sa colère et de l’enfer qui attend tous les incrédules, et fait don de la vie éternelle avec Lui.
Merci à Jésus qui est présent à mes côtés à chaque instant, et me préserve de la tentation. Par son Esprit, Il met en moi son dégoût du péché, participant ainsi à sa sainteté. Dans son amour, Il m’aide à traverser les difficultés de la vie quotidienne. Ma confiance est en Lui seul, sachant qu’Il a – et me donne – la solution au problème que je peux rencontrer. C’est sur Lui, et avec Lui, le Rocher éternel, que je construis maintenant ma vie, solidement, en toute assurance.
Gloire au Seigneur Jésus qui a fait de moi son enfant. Il est désormais mon Dieu, mon gouvernail qui me conduit au bon port, dans son royaume céleste. Il a écrit ses ordonnances dans mon cœur, et m’a donné la foi par laquelle je sais que la Bible
N.B : S… a entendu l’Evangile, mais n’a pas ouvert son cœur à Jésus. Nous nous sommes quittés, moi restant son ami, souhaitant apprendre un jour qu’elle est convertie, heureuse, vivant en paix. Rien n’est impossible à Dieu. Je sais qu’Il la cherche et l’appelle à Lui. Il a toujours veillé sur elle, et continuera à le faire jusqu’à ce qu’elle Le rencontre. C’est ma prière pour elle…